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Alexis Cortot
Le Pr Alexis Cortot : « Le choix du médicament se fait en fonction des spécificités du patient appliquées à l’oncologie ». PHOTO PASCAL BONNIERE / LA VOIX DU NORD - VDNPQR

Des médicaments ciblés remplaçant une chimiothérapie… Plus performants, moins toxiques. Les équipes du Pr Alexis Cortot, pneumo-oncologue au CHU de Lille, ont réussi à identifier les mutations d’un gène responsables de certains cancers du poumon et proposent une approche personnalisée, «réduisant la taille de la tumeur ».

Patrick Seghi | 23/09/2020

LA VOIX DU NORD

« Nous avons pu valider l’efficacité de ces médicaments ».

Plus performants, moins toxiques. La phrase du Pr Alexis Cortot, pneumo- oncologue thoracique au CHU de Lille, traduit « une première mondiale », une innovation remarquable dans le cadre du traitement de certains cancers agressifs du poumon, jugés inopérables* et fruits amers de la mutation du gène MET (jugé responsable de 3 % des cancers du poumon).

« Plutôt que de recourir à la chimiothérapie, nous sommes désormais en mesure de proposer une thérapie ciblée (prise de médicaments par voie orale) dont les effets secondaires sont moindres (pas de vomissements, de nausées, de perte de cheveux…) et les bénéfices thérapeutiques plus marqués ». Pour autant, si cette approche offre une avancée fondamentale et une meilleure espérance de vie en « réduisant la taille de la tumeur », « elle ne conduit pas à une guérison », précise le chef de service.

Le bon médicament au bon patient

Dans ce cas précis, les équipes du Pr Alexis Cortot, l’hôpital Calmette, les cliniciens et les biologistes du Centre de biologie et de pathologie du CHU de Lille, ont réussi le tour de force de dresser une véritable carte d’identité de la tumeur concernée. En prélevant des échantillons, elles sont parvenues à identifier le gène responsable. « Le choix du médicament se fait en fonction des spécificités du patient… Chaque patient a un type de cancer différent pour lequel il nécessite un traitement adapté que l’on caractérise en analysant ses gènes. Cette approche (le bon médicament au bon patient) permet de bloquer l’activité du gène muté, MET, dont on ne savait pas jusqu’à récemment qu’il était à l’origine de certains cancers du poumon ».

L’apport des chercheurs lillois a non seulement été de détecter quasi toutes ces mutations génétiques mais aussi de valider l’efficacité de médicaments ciblés susceptibles de le bloquer. Fondamental. « Le cancer du poumon est le plus mortel en France et arrive en tête de la surmortalité dans la région », précise Alexis Cortot. « La mutation du gène MET touche 3 % des patients, soit 104 nouvelles personnes par an dans la région » et pour lesquelles « il n’y a pas d’autres solutions thérapeutiques ». Les patients âgés, déjà fragiles face à la chimiothérapie, sont les premiers concernés.

La thérapie ciblée (qui avec l’immunothérapie constitue l’une des grandes avancées de la lutte contre le cancer) offre dans ce cadre une alternative jusqu’alors inespérée. La prochaine étape sera de mieux comprendre les mécanismes de récidive.

*Si l’opération demeure possible, elle reste toujours l’option privilégiée.